Paris était candidate pour accueillir l’exposition universelle de 2025 avant de se retirer et ne succédera pas à celle de Milan 2015 et Dubaï 2020. Et pourtant, six des précédentes éditions ont permis de façonner Paris en l’agrémentant de nouveaux monuments devenus historiques. La dernière date de 1937, un an après les jeux olympiques de Paris, cet événement qui attire lui aussi une attention planétaire, aurait apporté son vent de fraîcheur et de nouveautés sur la capitale.
Si on peut considérer que ce n’est que parti remise, voyons dans cet article quels ont été les bénéfices apportés à la ville et en quoi aujourd’hui encore, ces expositions universelles de Paris contribuent à lui attribuer le titre officieux de plus belle ville du monde.
Quel est le but des expositions universelles ?
Depuis leur création, les expositions universelles sont un moyen pour le pays hôte, d’exposer leur puissance industrielle et leurs avancées technologiques dans un thème choisi. À Milan en 2015, les pays exposants étaient invités à présenter leurs avancées sur « Nourrir le monde de demain ». À Dubaï en 2020 la tendance est portée sur les appareils connectés. Tous les cinq ans désormais, plus d’une centaine de pays présente donc ses projets pour répondre à la problématique posée dans ce qui est appelé « un pavillon ». Ce dernier est un édifice temporaire pour les six mois de l’exposition universelle et reprend les caractéristiques du pays. Cela peut être au moyen de matériaux traditionnels utilisés comme du bambou pour la Chine en 2010 par exemple.
Pour le pays hôte, ce pavillon peut être permanent pour être réutilisé à la suite de l’événement. C’est ce qui s’est produit pour les monuments parisiens présentés plus loin dans cet article.
L’origine des expositions universelles
Dans les années 1840 se produit la révolution industrielle qui a transformé l’ensemble des sociétés dites occidentales. La société, qui auparavant était avant tout basée sur l’artisanat, s’industrialise et ce changement affecte profondément l’agriculture, l’économie, l’environnement et la politique. Cette transformation a notamment été rendue possible par le boom ferroviaire, qui a permis d’accélérer les échanges.
Les chefs de files de ce mouvement de l’époque sont, la France et l’Angleterre. Les anglais sont d’ailleurs en avance puisqu’ils maîtrisent d’avantage la machine à vapeur et les mers. Les deux pays se livrent alors une petite guerre de rivalité à distance, en organisant chacun dans leur pays respectif sans invitation de tiers, des expositions nationales afin de promouvoir leur propre savoir-faire industriel.
Mais en 1851, les anglais frappent un grand coup. Sûrs de leurs avancées, ils invitent les autres pays à venir présenter leurs technologies à Londres, pour montrer au monde entier leur puissance. Napoléon III est également invité et constate sur place le succès populaire (un million de visiteur), mais aussi les progrès réalisés par l’ennemi historique de la France. De retour à Paris, il décide de montrer que la France peut faire mieux, en organisant sa propre exposition universelle pour 1855. Coïncidence ou non, les travaux haussmanniens visant à améliorer les infrastructures parisiennes et à moderniser la ville commencent en 1852.
L’exposition universelle de Paris en 1855 en réaction aux anglais
Quatre ans après celle de Londres, Paris accueille la deuxième exposition universelle mondiale… le long des Champs-Élysées. Pour l’occasion, Napoléon III fait construire le Palais de l’Industrie et des Beaux- Arts, parallèlement à la Seine. Sa façade mesurait près de 208 mètres de long, divisée en deux niveaux d’arcades, pour 47 mètres de largeur et 35 mètres de hauteur. Un sacré édifice prolongé par la Galerie des Machines, longue elle de 1 200 mètres et bordant le fleuve.
L’exposition rencontra un franc succès, avec plus de 5 millions de visiteurs issus de 36 états. Mais la grande force de cet événement n’a pas été de montrer uniquement au monde ses avancées industrielles, elle a aussi été une grande exposition internationale d’art contemporain, d’où le nom du Palais édifié.
Les anglais répliquèrent à nouveau en 1862.
L’exposition universelle de Paris en 1867 et la fin des grands travaux
Là, plus question de jouer avec la concurrence, il faut écraser les anglais. Les travaux haussmanniens sont enfin terminés, et le Second Empire est au sommet de sa force et de sa gloire. Cette fois, 41 pays sont conviés, pour un total dépassant les 10 millions de visiteurs. Parmi les plus illustres, des reines, des rois, des princes, du monde entier mais aussi le sultan de l’Empire Ottoman, et le tsar de Russie font le déplacement.
Cette exposition se tient sur le Champ de Mars, dans un gigantesque édifice ovale de 490 mètres sur 380 mètres, construit en seulement deux ans. Un prodige bâti en maçonnerie et en fer, par 26 000 ouvriers. De plus pour la première fois, les pavillons des pays représentés font leur apparition laissant derrière l’idée de simple stand.
Les personnes qui découvraient l’exposition universelle arrivaient par la Seine. Pour faciliter leur venue (le Champ de Mars était alors un lieu excentré de la Capitale), les bateaux-mouches firent leur apparition afin de transporter rapidement les visiteurs.
L’exposition universelle de Paris en 1878
Alors que les deux précédentes éditions eurent lieu à Vienne en 1873 et à Philadelphie pour le centenaire de l’indépendance américaine, la cinquième exposition universelle de l’histoire eut encore lieu sur le Champ de Mars, où on construit le Palais de fer, mais également sur la butte Chaillot (actuelle place du Trocadéro), où l’on construit le Palais de pierre (photo ci-contre).
Anecdote
Pour célébrer l’amitié entre la France et les États-Unis, la première décide d’offrir aux seconds la statue de la Liberté. Cette dernière étant construite en France à l’époque de l’exposition universelle de 1878, sa tête couronnée et le haut de son buste sont exposés sur le Champ de Mars.
Le palais de pierre bien qu’il ne fût pas destiné à survivre à l’événement, résista pendant plus de soixante ans. Il était notamment décoré par un ensemble de statues représentant les continents, aujourd’hui disposées aux abords du musée d’Orsay. Sur le parvis de ce même musée se trouvait des statues gigantesques d’animaux, elles aussi rescapées de la destruction.
L’exposition universelle de Paris en 1889
Un an après celle de Barcelone, l’exposition universelle revient à Paris en 1889 pour célébrer le centenaire de la Révolution Française, chute de la monarchie française. De ce fait, de nombreux pays refusent d’y participer puisqu’eux-mêmes sont des monarchies. L’événement a de nouveau lieu sur le Champ de Mars et au Palais du Trocadéro, pour l’art et l’industrie, tandis que l’esplanade des Invalides accueille la première exposition coloniale.
Parmi les nombreuses attractions conçues pour l’occasion, la plus belle (aujourd’hui) et pourtant la plus décriée (à l’époque) se présente sous la forme d’une tour en plein cœur de la capitale. Sa structure est provisoire et malgré les deux millions de personnes qui la visitent, elle est vouée à disparaître. Seulement grâce à Gustave Eiffel qui n’en est pas le concepteur, mais qui en possède les droits d’exploitation, la tour sera utilisée pour diverses expériences scientifiques. C’est cette initiative qui lui permettra de générer suffisamment de revenus, pour que la Tour Eiffel soit maintenue dans le paysage parisien.
En hommage aux avancées scientifiques qui ont permis à cette tour d’être une prouesse technologique encore mesurable de nos jours, soixante douze noms de savants sont inscrits sur la tour. Notez que sur chacun de ses pieds, le poids de la tour exerce sur le sol une pression équivalente à celle appliquée par le poids d’une femme sur le sol avec ses talons.
L’exposition universelle de Paris en 1900 et l’arrivée… du métro
Le « Bilan d’un siècle », tel était son thème. 45 ans après sa première organisation, la France et Paris accueillent pour la cinquième fois déjà l’exposition universelle (l’Angleterre ne l’a plus organisé depuis 157 ans). Elle se déroule aux mêmes endroits que la précédente édition, mais aussi sur l’ancien site de celle de 1855. Les visiteurs venus de Bordeaux, Toulouse et Nantes arrivent par la nouvelle gare d’Orsay.
Pour faire de la place, le Palais de l’Industrie et des Beaux-arts a été détruit et il est décidé d’y ériger deux nouveaux monuments : le Grand Palais et le Petit Palais. La ville décide alors d’en profiter pour aménager l’actuelle avenue Winston Churchill qui les sépare, reliant les Champs-Élysées à la Seine. Mais l’exposition se déroulant aussi sur l’esplanade des Invalides, un nouveau pont reliant ces deux sites est alors conçu, et porte le nom d’Alexandre III en hommage à l’alliance franco-prussienne.
Le plan de l’exposition universelle de 1900
Cette exposition universelle qui fut un gouffre financier pour les organisateurs de l’époque, permit également à la ville de Paris d’inaugurer sa première ligne de métro (l’actuelle ligne 1), reliant la Porte Maillot à la porte de Vincennes. Ce tracé n’est pas anecdotique, puisqu’en plus de traverser Paris d’est en ouest en passant par le Louvre, Châtelet et Bastille, la ligne passait par les Champs Élysées, autre lieu de l’événement. Son terminus fut déterminant, puisqu’il permettait d’accéder aux deuxièmes Jeux Olympiques de l’ère moderne alors organisés dans le bois de Vincennes. L’exposition universelle étant placée sous le signe de l’Art Nouveau, toutes les sorties de métro sont agrémentées d’édicules Guimard.
La dernière exposition universelle de Paris en 1937
Le jeudi noir de 1929 a eu des répercussions dans le monde occidental et les tensions géopolitiques s’accentuent de jour en jour. Dans un tel contexte, le bleu, couleur de la paix, doit être partout. Il est alors important de célébrer un tel événement, qui permet de rassembler des millions de personnes de tous les horizons.
Pour l’occasion, le palais de fer sur la butte Chaillot est détruit, et fait place à l’actuel Palais de Chaillot. Pour agrémenter l’espace jusqu’à la Tour Eiffel, les jardins du Trocadéro sont alors réaménagés, et embellis. Le Palais de Tokyo est lui aussi construit pour l’occasion.
Que sont devenues les constructions ?
Les bâtiments et pavillons n’avaient pas à l’origine, vocation à demeurer dans le temps. Ce n’est qu’après l’exposition de 1889, et la construction de la Tour Eiffel que les monuments ont échappé à la destruction.
La gare d’Orsay conçue en 1900 a quant à elle disparue, au profit de l’actuel musée d’Orsay depuis 1986. Le Grand Palais est devenu un centre d’expositions temporaires, et sous sa grande verrière se dressent certains événements éphémères, tout au long de l’année. Le Petit Palais est lui devenu un musée à part entière. Les lignes de métro ont continué de dessiner les sous-sols de Paris, et les Jeux Olympiques reviennent à Paris en 2024 avec de nouvelles lignes.
Le Palais de Chaillot accueille d’un côté le musée de l’homme, et de l’autre la Cité de l’architecture et du patrimoine. Le Palais de Tokyo abrite lui un centre de création artistique européen mais également le musée d’art moderne de la ville de Paris.