Exposition Temporaire Toulouse-Lautrec Résolument Moderne au Grand Palais

Visiter l'exposition temporaire Toulouse Lautrec au Grand Palais
Du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020, Henri de Toulouse-Lautrec est à l’honneur au Grand Palais. L’exposition temporaire qui lui est consacrée, la première rétrospective française depuis 1992, le présente comme étant « Résolument Moderne ».

Après l’avoir visité, je vous explique pourquoi et vous détaille cet événement culturel.

Toulouse-Lautrec Résolument Moderne

Les 200 œuvres que compte cette exposition temporaire au Grand Palais nous présente sa vie d’artiste, fidèle aux cabarets comme aux maisons closes. Dans cette époque pleine d’avancées technologiques et artistiques (le mouvement des impressionnistes est contemporain), il fut un trublion. Lui qui aimait se travestir, s’intéressait aux hommes comme aux femmes ainsi qu’aux différentes religions s’exprime à travers la caricature. Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa, de son nom complet, voulait « faire vrai et non pas idéal ».

Issu d’une des plus anciennes familles nobles du sud de la France, ses parents étaient cousins au premier degré et eurent deux fils. La consanguinité était alors de coutume pour ne pas diviser les patrimoines.  Malheureusement, son petit frère mourut à un an et il développa une maladie des os qui l’empêcha de grandir plus que son mètre 52. Il avait de plus les os fragiles, des membres trop courts, ses lèvres et son nez étaient difformes. La mort précoce de son petit frère influence son style de vie, il vécut en accéléré comme s’il redoutait lui aussi de mourir jeune.

En 1875, sa santé l’oblige à quitter le lycée car une scolarité normale est incompatible avec ses soins. Sa mère s’occupe alors de son éducation et il découvre les œuvres du peintre René Princeteau, ami de son père. C’est à partir de là qu’il commence à peindre et à dessiner. En 1881, il rate son examen du baccalauréat mais réussi la session de rattrapage en septembre à Toulouse. Il remonte alors à Paris où il fréquente l’atelier de Princeteau et organise sa vie de peintre. Introduit par son mentor, il entre en 1882 dans l’atelier du peintre Léon Bonnat, proche de Degas, puis dans l’atelier de Fernand Cormon à Montmartre. Il y rencontre alors Émile Bernard et Vincent Van Gogh dont il exécute les portraits. Puis il s’installe définitivement à Montmartre et passe la majeure partie de sa vie d’adulte à consommer beaucoup d’alcool et avait pour habitude de mélanger de l’absinthe avec le cognac.


Toulouse Lautrec – Émile Bernard (1885)


Toulouse Lautrec – Portrait de Vincent Van Gogh (1887)

Électrisé par la vitesse et les prouesses permises par les technologies de son époque, il peint le mouvement. Une grande partie des œuvres présentées ne sont d’ailleurs pas sur des toiles, mais sur du carton. Comme si dans la précipitation de son génie, ce support léger donc facilement transportable pour lui, était le meilleur moyen d’arriver à ses fins et de capter au mieux ce qu’il avait sous le regard. Selon lui, la peinture est une fiction mais elle doit s’inscrire dans l’expérience vécue.


Toulouse Lautrec – Femme au boa noir (1892)


Toulouse Lautrec – Conquête de passage (1896)

Cette exposition temporaire propose un parcours chronologique des œuvres de l’artiste, réparties sur douze salles et deux étages. L’entrée se fait côté Champs-Élysées.

Les femmes vues par Toulouse-Lautrec

Dès la troisième salle du parcours, les femmes prennent de plus en plus de places parmi les œuvres exposées. Exceptée La Grosse Maria, peu sont représentées jusqu’alors. C’est avec Carmen Gaudin comme sujet que nous retrouvons la passion de l’artiste pour ces modèles qu’il fréquentait presque dans leur intimité. Lui qui avait notamment une chambre à demeure à La Fleur blanche, une ancienne maison close. Les modèles féminins se définissent par le flottement de leur statut et de leur identité. Carmen Gaudin est cependant identifiable. Cette femme rousse semble obséder  le peintre. Avec Rousse, on perçoit l’influence de Degas dans son œuvre, avec le sujet de dos, jambes écartées portant des bas et se tenant dans une pièce encombrée.


Toulouse Lautrec – Nu féminin, La Grosse Maria (1884)


Toulouse Lautrec – Rousse (la toilette) (1889)

Plus loin c’est Louise Weber, dite la Goulue qui est représentée. On voit la danseuse excentrique qui a importé le cancan d’Angleterre en France sur une affiche commandée par les propriétaires du Moulin Rouge. La composition est pour l’époque, et aujourd’hui encore, si originale qu’elle frappe ses contemporains. Avec cette affiche, l’artiste considéré comme l’âme de Montmartre, depuis qu’il y réside en 1884,vient de réussir son entrée dans le monde naissant de la publicité. Sur celle-ci, Toulouse-Lautrec concentre le dynamisme de la danse et la magie des luminaires modernes. L’ensemble revête d’un aspect érectile issue des raideurs masculines explicites au premier plan. Quant au froufrou féminin, il est admiré par de sombres silhouettes en arrière-plan. La Goulue, terme absolument non-péjoratif, séduit le peintre albigeois par sa vitalité jusqu’à lui inspirer au de nombreuses peintures et lithographies, durant les deux années suivant la commande de cette affiche.


Toulouse Lautrec – Moulin Rouge – La Goulue (1891)

Sur l’affiche officielle de l’exposition du Grand Palais, c’est la figure de Yvette Guilbert qui est présentée, autre femme et grand sujet de Toulouse-Lautrec. C’est au bas de la butte Montmartre, dans la rue des martyrs, au Divan Japonais (où a d’ailleurs été inventé le strip-tease dans les années 1960) qu’ils se rencontrent. Dans cette salle de spectacle, il découvre cette femme rousse, dont la gouaille et l’audace scénique le fascinent. Sur l’œuvre en question, elle porte sur ses longs bras des gants noirs qui accentuent sa minceur et elle est peinte sur du carton, encore une fois comme pour mieux la figée telle qu’elle apparaît lors de ses représentations.


Toulouse Lautrec – Yvette Guilbert chantant Linger, longer, loo (1894)

Enfin la suite « Elles » publiée en 1896, est celle qui correspond à la période de sa vie, où il s’installa dans une maison close. Cet ensemble lithographique est dénué de regard scabreux ou pervers. Mais l’artiste va encore plus loin avec l’un de ses chefs d’œuvres : Au Salon de la rue des Moulins. Réalisée sur toile et non un carton, cette œuvre est le fruit de plusieurs études prises sur le vif. On y voit des femmes de joies imperturbables en train d’attendre. Privant la notion du temps dans ce tableau peint en atelier, l’attente passive de ces femmes dans cet espace clos nous montre un luxe presque étouffant.


Toulouse Lautrec – Au salon de la rue des Moulins (1894)

Les hommes vus par Toulouse-Lautrec

Ce n’est pas l’effet escompté par l’exposition, mais lors de ma visite, le sentiment de mise en dualité par l’artiste entre les femmes et les hommes s’est dégagé. Les hommes sont montrés de manière sombre, attentiste, assis ou comme expliqué précédemment de manière érectile.


Toulouse Lautrec – Monsieur Delaporte au Jardin de Paris (1893)


Toulouse Lautrec – Portrait de Gaston Bonnefoy (1891)

Les portraits de Paul Leclercq, Van Gogh, André Rivoire et ceux du Bal du Moulin de la Galette représentent des hommes avant tout spectateurs. Lorsqu’ils sont debout, bien souvent ils sont de profil avec leurs mains dans les poches ou de face avec une posture courbée, comme sur l’affiche du Moulin Rouge, toujours spectateurs. Peut-être est-ce le biais qu’à l’artiste de s’exprimer sur les relations qu’il entretenait avec son père. Ce dernier se séparant de sa femme et cousine alors que le jeune Henri fut élevé par sa mère. Après un AVC en mars 1901, l’artiste qui finira par décéder en septembre accordera ses derniers mots pour son père, aristocrate fantasque et passionné de chasse : « Je savais, papa, que vous ne manqueriez pas l’hallali ». Ceci représente le son émise par le cor de chasse pour annoncer que la bête est sur ses fins. Image peu flatteuse que le jeune artiste pensait que son père avait de lui.

Cette analyse est personnelle et libre à vous de partager cette idée ou non, toute la beauté de l’art réside dans le fait que l’imagination de chacun nourrit sa propre interprétation des œuvres.

Les affiches de Toulouse-Lautrec

Parmi les affiches que le Grand Palais expose ici, le triptyque d’Aristide Bruant dans son cabaret. Toulouse-Lautrec a illustré une quarantaine de chansons, des succès principalement interprétés dans les trois grands cabarets parisiens de l’époque. Pour mettre en avant Aristide Bruant, il a donc réalisé cette série qui nous aide à comprendre sa méthode de travail.

On peut également admirer la célèbre affiche réalisée pour le Salon des Cent lors de l’exposition internationale… d’affiches.


Toulouse Lautrec – Aristide Bruant dans son cabaret (1893)


Toulouse Lautrec – Salon des cents (1896)

La visite de l’exposition

En conclusion, prévoyez autour d’une heure et demie à partir de la première salle pour profiter de toutes les œuvres exposées. Dans cette aile du Grand Palais, il y a de la place pour se déplacer et les tableaux sont très bien mis en valeur. Elle dure jusqu’au 27 janvier, elle n’attend que vous maintenant. Pour rappel, la dernière grande rétrospective dédiée à Toulouse-Lautrec remonte à 1992…

Le Grand Palais

Site de l’exposition cliquer ici
Adresse 3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Accés Métro : lignes 1, 9, 13 / Stations : Franklin-D.-Roosevelt, Champs-Elysées-Clemenceau
RER : ligne C / Station : Invalides
Bus : lignes 28, 42, 52, 63, 72, 73, 80, 83, 93
Horaires d’ouvertures Lundi, jeudi, dimanche de 10h à 20h
Mercredi, vendredi et samedi de 10h à 22h
Fermeture hebdomadaire le mardi
Fermé le 25 décembre 2019
Tarifs d’entrée Plein tarif : 15 €
Tarif réduit : 11 €
Tarif tribu (4 personnes dont 2 jeunes de 16-25 ans) : 41 €

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L'auteur : François-Baptiste

Guide et rédacteur d’articles pour Keewego depuis 2018, j’ai eu le plaisir de rencontrer des visiteurs venus du monde entier avec qui le contact est toujours très bien passé.

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