Exposition temporaire – Vasarely : Le partage des formes au Centre Pompidou

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Retour en photos sur cette exposition temporaire événement au Centre Pompidou du 6 février au 6 mai 2019

C’est l’une des expositions temporaires les plus attendues de 2019 : Vasarely, le partage des formes. Celui qui est considéré comme le père de l’art optique (art op) est mis à l’honneur dans cette première grande rétrospective française depuis 1963 pour éblouir les visiteurs et rappeler à tout le monde son influence artistique majeure. Avec près de trois cents œuvres, l’imaginaire de Vasarely se découvre sur des tableaux, des couvertures de livres, des sculptures, des intégrations architecturales et sur divers objets et documents. Il réussit à accéder à la notoriété de son vivant en s’immisçant dans le quotidien visuel depuis les années 60. Son œuvre est étroitement associé à l’image populaire de ces années-là et des Trente Glorieuses.

L’évolution de son art graphique permit de promouvoir un art social, accessible à tous. En effet, vous connaissez déjà Vasarely, parfois sans le savoir.

Cet événement à ne pas manquer impose un peu plus le Centre Pompidou comme étant une place forte dans le milieu de l’art moderne. Le cinquième monument le plus visité de Paris mérite que vous vous y rendiez à la prochaine occasion. Au moins jusqu’au 6 mai 2019.

Le partage des formes de Vasarely

Les débuts de l’artiste et du mouvement Op Art

Győző Vásárhelyi, dit Victor Vasarely est né à Pecs en Hongrie en 1906. L’inventeur de l’art optico-cinétique s’essaya d’abord à des études de médecines avant de s’intéresser au Bauhaus, courant artistique concernant , notamment, l’architecture et le design, la modernité mais également la photographie, le costume et la danse.

De ses années de médecine, il gardera tout au long de sa carrière une méthode, une soif de connaissance rigoureuse proche du monde scientifique.
De 1929 à 1930 à Budapest, il étudie au Műhely, dit le « petit Bauhaus », dirigé par de Sándor Bortnyik, figure majeure du modernisme hongrois.

Après sa formation, il s’installe à Paris en 1930 où il travaille comme graphiste publicitaire. Durant cette période et cela jusqu’à la guerre, il se forge une conception de la forme, qui deviendra sa particularité artistique, en alliant son lexique moderniste à la communication commerciale. À titre d’exemple, la série des Zèbres entreprise pendant ses années-là est considérée comme le premier travail dans le genre op art. Ces formes où ondes et vibrations s’entrelacent annoncent l’arrivée d’un nouveau genre.


Vasarely – Zèbres, (1932-1942)

Vers l’abstraction à la période Denfert

Après la seconde guerre mondiale, il se consacre entièrement à l’art. À l’École de Paris, il découvre une abstraction nouvelle et singulière en procédant à l’observation du réel.

En 1947, il déclare : « la forme pure et la couleur pure peuvent signifier le monde » à la suite d’un séjour en Bretagne à Belle-Île-en-Mer. Là-bas, « les cailloux, les coquillages sur la plage, les remous, au large les brumes, le soleil, le ciel… dans les galets, dans les morceaux des bouteilles brisées, polis par le va et vient rythmé des vagues, je suis certain de reconnaître la géométrie interne de la nature… ».

L’année suivante, il se rend à Gordes dans le Var et sous le soleil provençal, l’artiste est fasciné par la déstabilisation de la vision que provoquent la géométrie angulaire du site et les contrastes issus des jeux d’ombres et de lumière.

Plus tard, il verra en 1952 dans les carrelages craquelés de la station de métro Denfert-Rochereau, une nouvelle source d’inspiration pour son art. Le mouvement qu’il perçoit dans ses formes issues de ses rectangles le fascine et l’inspire.


Vasarely, Belle-Isle GP (1952-1962)


Vasarely, Gordes (1952)

Vasarely en noir et blanc

Si le nom de Vasarely évoque des images colorées se jouant de l’illusion optique, il réduisit également son langage artistique au noir et blanc pendant une certaine période au début des années 1950. Ce dernier étant insatisfait par l’inertie des formes abstraites, chercha à les mettre en mouvement à cette période.

Ainsi, il met au point des formes qui sollicitent l’œil bien plus que ne le fait généralement la peinture abstraite pour emporter le regard dans le monde regorgeant d’énergie des ondes et des particules. Ce que l’œil voit semble en mouvement, les formes changent et se transforment sans jamais se stabiliser. Cet art singulier dit optico-cinétique constitue le changement majeur par rapport l’abstraction géométrique dite statique.

Pour réussir une telle prouesse et créer cette sensation de mouvement et d’espace, il mélange des formes géométriques avec une alternance de noir et de blanc. C’est à partir de là que naît son idée d’alphabet plastique.


Vasarely, Ujjaïn (1955)


Vasarely, Ujjaïn (1955)

L’alphabet plastique

Au début des années 1960, Vasarely ambitionne de créer un langage visuel à portée universelle : l’unité plastique. Issu des formes géométriques en noir et blanc, il décline son inspiration pour créer une infinité de combinaisons pour ce qu’il appelle le « flolklore planétaire ».

Grâce à son « langage », il peut poursuivre son idée de diffusion à grande échelle de ses formes pour démocratiser son art. L’utilisation de nouvelles couleurs laissent ces œuvres toujours abstraites et en mouvement, mais aussi plus ouvertes à tous. Cependant, si visuellement tout le monde peut plus ou moins apprécier ses travaux, la vision de l’artiste dans le choix des couleurs lui confère son statut de seul communicant.


Vasarely, Alom (1968)


Vasarely, Lacoste W. (1969)

Les œuvres iconiques de Paul Cézanne

Si votre regard fatigue, n’hésitez pas à prendre du recul et gardez à l’esprit que malgré toute l’envergure de ses travaux, la logique de ses œuvres reste peu comprise.

Pour diffuser plus largement son langage artistique et proposer ses formes au-delà du milieu institutionnel de l’art, Vasarely a recours à différents supports comme les affiches et les sérigraphies. Ainsi, dès la moitié des années 1960 jusqu’aux années 1970, ses œuvres s’affichent dans des journaux de mode, sur les plateaux de cinéma et de télévision. Dans l’espace Pop Abstraction de l’exposition, vous pouvez même voir de nombreux exemples de couvertures de livres où les œuvres de Vasarely sont reprises.

Les deux œuvres les plus connues de Vasarely dans la pop culture

Vasarely souhaitait diffuser massivement son œuvre au plus grand nombre. Pour réussir, il produisit la pochette de l’album Space Oddity de David Bowie sortie en 1969. Cette œuvre en version agrandie s’admire durant l’exposition. Tout ceux qui connaissent cet album ne peuvent s’empêcher de s’exclamer « ha mais oui, c’est Vasarely ! » une fois devant.


Vasarely, Space Oddity. (1969)

À proximité, une lumière jaune éclaire le visiteur. Cet étrange losange que vous pouvez apercevoir est le logo de Renault revisité par l’artiste en 1972. En quête de notoriété, Renault confie à celui qui est naturalisé français depuis 1961 le soin de dépoussiérer son emblème. La métamorphose est radicale, le plasticien ne conserve que le losange pour alléger le visuel en retirant la mention Renault. Le résultat final est un losange graphiquement épuré et visuellement plus dynamique et véritablement moderne pour l’époque. Depuis, même si le logo a évolué, sa forme reste la même et provient bel et bien de Vasarely.


Vasarely, logo Renault (1972)

L’expression architecturale

L’unité plastique et l’ambition de l’artiste de créer un art social débouche presque naturellement sur son désir d’intégration architecturale. Certains de ses travaux les plus célèbres s’admirent en photo durant l’exposition où vous pouvez voir son influence dans Paris, sur la Gare Montparnasse et la façade de l’immeuble de la station de radio RTL où un ensemble de panneaux rectangulaires forment vu d’en bas un ensemble de cercles.

Dans la salle à manger d’honneur de la Deutsche Bundesbank de Francfort, l’intégration architecturale de Vasarely s’exprime par la disposition de cercles de différentes couleurs.

Vasarely s’est également essayé à la conception de 25 vitraux pour l’église Saint-François d’Assise de Port-Grimaud dans le Var. Mais l’une de ses œuvres les plus accomplies reste le Centre architectonique d’Aix-en-Provence où il propose un exemple de ce qu’il appelle la « Cité polychrome du bonheur ».

Les rêveries cosmiques de Vasarely

À partir de 1968, l’artiste joue sur la déformation des lignes, définit ses « structures universelles », puis s’engage dans la célèbre période « Vega ». Les œuvres qui en sont issues évoquent les gonflements induits par la déformation des éléments qui les composent pour traduire des formes qui s’échappent du plan et créer des volumes spectaculaires.

Durant cette période, le plasticien cherche à évoquer l’univers insaisissable des galaxies, les pulsations cosmiques et la mutation biologique de la cellule. Entre science et fiction, la quatrième dimension rencontre l’idée de cosmos pour offrir les dernières effervescences visuelles de cette exposition temporaire sur l’œuvre de Vasarely.


Vasarely, Vega 222 (1969-1970)


Vasarely, Re.Na II A (1968)

Ce qu’on a pensé de cette exposition

Le Centre Pompidou propose toujours des expositions éclectiques, couvrant de nombreux sujets et thèmes liés à l’art moderne. De ce fait, si le visiteur est toujours surpris de ce qu’il découvre, les habitués ne sont plus surpris d’être surpris. Le Partage des Formes est un voyage dans un univers parallèle des Trente Glorieuses. On plonge dans cet espace avec plus ou moins de facilité. Parfois nous avons été scotchés, parfois nous n’avons pas su saisir le génie de cet artiste hors pair.

Bien que l’exposition se trouve sur sept salles avec un parcours très bien construit temporairement et par thématique, n’hésitez pas à prendre votre temps pour la visiter. Notre conseil : venir en nocturne le jeudi soir. De 20h30 à 23h, les salles sont à vous et vous pouvez ressentir toute la puissance de l’œuvre du plasticien.

Retrouvez davantage de photos de l’exposition sur le tableau Pinterest

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L'auteur : François-Baptiste

Guide et rédacteur d’articles pour Keewego depuis 2018, j’ai eu le plaisir de rencontrer des visiteurs venus du monde entier avec qui le contact est toujours très bien passé.

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